Poignonec Denis
Août 2000
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais a plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets;
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, O frères implacables !
Charles
Baudelaire, L'Homme et la Mer
Je remercie Monsieur Paul Primot et Monsieur Jean-Michel Volant qui m'ont accueilli à bord de leurs bateaux, qui m'ont permis de mieux comprendre leur difficile métier et leur amour de la mer.
I. La pêche en Bretagne Sud, et au Guilvinec__________________________________ 5
A. Historique de la pêche en Bretagne Sud : de
1800 à nos jours__________________ 5
B. Quelques données sur la pêche en Bretagne
Sud et plus particulièrement au Guilvinec en pays bigouden 5
II. Embarquement sur un chalutier et un filéyieur : l'Odessa et la Marseillaise________ 8
A. Embarquement sur un chalutier : l'Odessa__________________________________ 8
1. Fiche d'identification____________________________________________________________ 8
2. Description d'une journée de juillet_________________________________________________ 8
3. Quelques données supplémentaires sur
l'Odessa_______________________________________ 9
B. Embarquement sur un filéyeur : la
Marseillaise_____________________________ 10
1. Fiche d'identification___________________________________________________________ 10
2. Description d'une journée d'Août__________________________________________________ 10
3. Quelques données supplémentaires sur la
Marseillaise__________________________________ 11
III. L'avenir de la pêche____________________________________________________ 12
A. Des pratiques conflictuelles____________________________________________ 12
B. Le problème de la gestion des ressources_________________________________ 12
Anecdote_________________________________________________________________ 12
Annexe___________________________________________________________________ 14
"Au 19ième siècle, le développement de la pêche sardinière structure le littoral de la Bretagne Sud. De 1850 à 1950, la dynamique engendrée par l'implantation des conserveries lui assure une remarquable croissance démographique et économique malgré les crises successives" (J.R Couliou, la pêche bretonne, PUR, 1998).
Dès 1863, l'arrivé du chemin de fer à Quimper permet aussi d'augmenter la production des pêches fraîches. Le Guilvinec, qui naît en 1879, lui doit partiellement son essor. Avec la motorisation qui favorise l'usage des chaluts, et la fabrication industrielle de la glace, ces pêches se diversifient et s'éloignent des côtes.
Après guerre, au pays Bigouden, l'installation des criées (la première au Guilvinec en 1959) assure l'autonomie des ports : la pêche chalutière artisanale, à laquelle elle fournit les relais nécessaires à sa commercialisation se développe.
La modernisation des ports et des flottilles, la recherche de la performance, marquent les dernières décennies. Il faut dès lors amortir de lourds investissements, les temps de pêche augmentent … Un tel engrenage a des limites que des crises successives ont révélées.
Celle de 1994, particulièrement violente, a eu des causes multiples et complexes. Localement, elle a révélé des failles : fragilité des situations individuelles, dans une économie concurrentielle, atomisation des pêcheurs face à des niveaux de décision complexes, organisation défaillante de la filière.
Car la ressource diminue, le marché s'est mondialisé et, en dehors des zones côtières, les pêcheries sont communes aux pays européens : la "Politique Commune des Pêches" est instaurée au sein de l'Union Européenne en 1983.
Aux techniques, aux savoir et savoir-faire spécifiques constitués au cours des générations successives, les pêcheurs et les mareyeurs doivent désormais associer la maîtrise des techniques avancées en matière électronique et informatique, des qualités de gestionnaires d'entreprises, et la capacité d'ingérer des données internationales complexes.
Les 7 principaux ports de Cornouaille sont : Audierne, Concarneau, Douarnenez, Le Guilvinec, Lesconil, Loctudy, Saint Guénolé.
Le quartier maritime* du Guilvinec rassemble les 4 ports du pays bigouden. C'est le plus important quartier maritime de France, tant en nombre de marins qu'en valeur de la pêche débarquée sous criée.
Sur les 345 bateaux que compte le quartier en 1998, 235 sont des chalutiers. 109 d'entre eux pratiquent la pêche hauturière : la langoustine glacée et la lotte sont les productions dominantes, suivies de la raie, du cabillaud, du merlan et de la sardine. Les autres chalutiers fournissent le marché de la langoustine vivante du golfe de Gascogne.
La pêche au pays bigouden, c'est surtout les 1274 marins embarqués sur les bateaux du quartier, mais aussi 3277 emplois qui sont directement liés à la filière pêche (le canton du Guilvinec compte 17762 habitants, le canton voisin de Plomeur compte 20965 habitants).
Sources des données : Monographie des pêches 1998, Affaires
maritimes
Nom : |
Odessa |
Immatriculation : |
GV 642081 |
Propriétaire : |
Paul Primot |
Type de pêche[1] : |
Petite pêche et pêche côtière |
Longueur hors tout :
|
15,30 m |
Jauge Brute (en
tonneau) : |
29,50 tjb |
Puissance moteur : |
238 kW |
Date de construction
: |
1989 |
Type de coque : |
Bois |
Principaux engins de
pêche : |
Chaluts de fond |
Nombre d'hommes à
bord |
3 |
3h15 : embarquement, vérification du moteur, mise en route.
3h20 : départ. A la sortie du port, détermination du lieu de pêche. M. Primot rentre les données dans l'ordinateur, le logiciel MaxSea 7.5 détermine le cap et gère la route (l'ordinateur est relié au GPS et au pilote automatique).
3h30 ® 6h15 : M. Primot et un des marins vont dormir. Le troisième homme surveille le cap.
6h15 ® 8h30 : 1er trait[2]. M. Primot reprend le contrôle de la barre. Les deux marins retournent se coucher.
8h30 : fin du premier trait. Le chalut est vidé sur le pont, et est immédiatement remis à la mer.
8h30 ® 10h00 : 2ième trait. Les deux marins s'occupent de trier manuellement les langoustines et les poissons du trait précédent. Les langoustines sont triées en fonction de leur taille (en France, la taille minimale de pêche de la langoustine est fixée à 8,5 cm), sont nettoyées, rincées puis elles sont mises sous des rampes à eau afin de les maintenir vivantes (en se desséchant elles perdent leur couleur rosée ; elles sont alors moins bien cotées par les mareyeurs). En moyenne, quand on est au milieu de la saison, on remplit environ 2 à 3 paniers par trait (un panier correspond à environ 20 kg de langoustines). Cette année, il s'agissait d'une année moyenne pour la langoustine. Les poissons pêchés (ce n'est pas le principal objectif de pêche de l'Odessa) sont triés, "disbouéler" (= éviscérés), rincés et ranger dans des caisses. Le pont est lavé. Selon M. Primot environ 10 % de ce qui est pêché est rejeté à la mer. Personnellement j'estimerais les rejets de 10 à 25 % de la pêche, selon les traits.
10h00 : remontée du chalut.
10h00 ® 11h45 : 3ième trait. Triage des langoustines et du poisson, nettoyage et stockage.
11h45 : remontée du chalut.
11h45 ® 12h15 : 4ième trait. Alors que nous allions manger, le bateau s'est arrêté net, le chalut accroché à une roche. En été, lorsque le bateau rentre au port tous les soirs, afin d'augmenter les prises, M. Primot pêche dans des zones à fond rocheux. Bien que le chalut soit équipé de grosses boules de caoutchouc afin que le filet saute sur les aspérités, il arrive assez souvent que celui-ci se coince. A ce moment là, le moteur est mis au ralenti. Sous la tension des filins de la fune, le chalutier recule, ce qui donne du mou. Si cela ne suffit pas à décrocher le filet, on libère un côté de la fune pour que le chalut se mette en biais et glisse le long de la roche. En dernier recours, la fune est rembobinée sur les treuils jusqu'à ce que l'arrière du bateau soit à la verticale du chalut, ce qui le dégage. Il est assez rare de perdre complètement le chalut sur une roche. Une fois le chalut remonté, les marins constatent les avaries. Si elles sont peu importantes, elles sont immédiatement réparées et le chalut remis à l'eau. Sinon, c'est le deuxième chalut qui est déroulé et mis à l'eau (comme la plupart des chalutiers, l'Odessa possède deux enrouleurs sur le pont).
12h15 ® 14h00 : Les langoustines et les poissons sont triés, lavés et stockés. Les marins mangent alors rapidement et réparent le chalut.
14h00 : remontée du chalut.
14h00 ® 16h00 : 5ième trait. Triage des langoustines et du poisson, nettoyage et stockage.
16h00 : remontée du chalut. Cap vers le port du Guilvinec.
16h00 ® 18h15 : Retour au port. Triage des langoustines et du poisson, nettoyage et préparation pour le débarquement de la pêche.
18h15 : arrivée au port. Déchargement des langoustines et des poissons.
18h15 ® 18h20 : Arrimage du bateau dans l'arrière port. Préparation pour le lendemain, quelques minutes de repos et on quitte le bateau.
Pendant plus de 5 ans, M. Primot faisait des marées de 10 jours. Désormais le rythme de pêche de l'Odessa varie au cours de l'année : de Janvier à fin Mars, il pêche surtout du poisson. Les marées durent un jour et demi à trois jours et demi maximum. D'Avril à mi-Août le bateau rentre tous les jours au port et il pêche surtout de la langoustine. De Septembre à Décembre, les marées varient de un à quatre ou cinq jours, et il pêche moitié langoustines et moitié poissons (l'Odessa est équipé d'une glacière de 26 à 27 000 m3).
En ce qui concerne les ressources, tous les marins s'accordent à dire qu'elles ont très fortement diminuées. Toutefois, pour pouvoir rester compétitif, de nouveaux systèmes sont mis en place, en particulier les chaluts jumeaux. Il s'agit de deux chaluts en un. En effet au lieu de tirer un chalut simple, l'extrémité du chalut se dédouble. Le rendement de ce genre de chalut et nettement supérieur à celui des chaluts simples. Bien que n'étant pas favorable à ce procédé (impacts très négatifs sur le peu de ressources restant, en particulier sur les langoustines de petites tailles), M. Primot a investi dans deux chaluts jumeaux qui équiperont l'Odessa début Septembre, après le changement des treuils. Il faut également noter qu'il existe toujours une concurrence farouche mais non avouée entre les chalutiers :qui pêchera le plus ?
M. Primot est considéré comme quelqu'un de dynamique, qui aime son métier, qui travail durement et qui a de très bons résultats. En ce qui concerne ses revenus, il ne m'a donné qu'une fourchette allant de 220 à 300 000 F/an. Il considère que les revenus de la pêche sont "très raisonnables".
En ce qui concerne l'entretien du bateau, celui ci est mis en cale sèche tous les six mois pour y être repeint. Cette fois-ci, la coque du bateau à été entièrement décapée (première fois depuis 16 ans) afin de vérifier son état, puis repeinte. Le coût de l'opération se situe entre 40 et 50 000 F.
Pour l'Odessa, le premier poste de dépense est le fuel : la consommation moyenne est de 5 000 L tous les 15 jours. Or le prix du fuel a augmenté de près de 80 % de sa valeur en un an, puisqu'il est passé de 1,0 – 1,1 F/L au début 99 à 1,8 F/L cette année. Le deuxième poste de dépense sont les chaluts. Le rythme avaries / restauration est tel que chaque filet est remis presqu'"à neuf" tous les trois à quatre jours, surtout si le lieu de pêche se situe dans de la roche.
Actuellement, selon M. Primot, les chalutiers bigoudens sont en conflit avec les bateaux espagnols. Des accords tacites existent entre chalutiers et filéyeurs français, chacun respectant la zone de pêche de l'autre. Les pêcheurs espagnols eux, repèrent les zones de pêche des bateaux français, viennent le soir y poser leurs filets et quadrillent cette zone pour en interdire l'accès à tout autre navire. Il s'en suit des conflits et des heurts qui peuvent parfois prendre l'allure d'une guérilla : expéditions punitives dans les filets espagnols de la part des français et intimidation (souvent proche de l'éperonnage) des espagnols qui possèdent des bateaux de grosse taille.
Nom : |
Marseillaise II |
Immatriculation : |
GV 302851 |
Propriétaire : |
Jean-Michel Volant |
Type de pêche : |
Petite pêche |
Longueur hors tout :
|
14,30 m |
Jauge Brute (en
tonneau) : |
24,94 tjb |
Puissance moteur : |
118 kW |
Date de construction
: |
1970 |
Type de coque : |
Bois |
Principaux engins de
pêche : |
Filets |
Nombre d'hommes à
bord |
4 |
5h30 : embarquement, vérification du moteur , mise en route et départ.
5h30 ® 6h30 : route vers le point de pêche, situé à environ 7 miles du port. Ici aussi, l'utilisation d'un logiciel de navigation couplé au GPS et au pilote automatique est très utile. Pendant le trajet, de nombreux chalutiers se renseignent sur la localisation des filets afin d'établir leur zone de pêche.
6h30 : arrivée à la première bouée du filet. Le moteur est mis au ralenti.
6h30 ® 7h30 : remontée de la première série de filets. Chaque série est constituée de 28 filets de 50 m mis bout à bout, soit une longueur totale de filet de 1,4 km par série. Le filet est bloqué dans un treuil qui le remonte. Un marin est chargé d'enlever les poissons au fur et à mesure qu'ils se présentent, et de les placer par espèce dans des caisses. A l'arrière du bateau (recouvert d'une bâche), les deux autres marins déplient le filet et le rangent dans un casier sur le pont. Les filets utilisés sont des filets à merlu. Il faut noter que contrairement à la pêche au chalut, les rejets sont très faibles et n'excèdent pas 2 % du total. Il s'agit principalement de corail (la zone de pêche était située sur un plateau rocheux), et de petits crustacés.
7h30 ® 8h00 : les poissons sont vidés, rincés et rangés. Le pont est passé au jet.
8h00 ® 9h00 : remontée de la deuxième série.
9h00 ® 9h30 : les poissons sont vidés, rincés et rangés. Le pont est passé au jet.
9h30 ® 10h30 : remontée de la troisième série. Ce jour là, c'est cette série qui a ramené le plus de poissons.
10h30 ® 11h00 : les poissons sont vidés, rincés et rangés. Le pont est passé au jet.
11h00 ® 12h30 : remontée de la quatrième série. Pour la deuxième fois dans l'année, le filet à été sectionné par les câbles d'un chalut. Ceci est une chose assez rare et le plus souvent accidentelle.
12h30 ® 13h00 : les poissons sont vidés, rincés et rangés. Le pont est passé au jet.
13h00 ® 14h15 : les quatre séries sont remises à la mer. La dernière série, endommagée par le chalut est remplacée en partie par du matériel neuf.
14h15 ® 14h30 : préparation des poissons sur le pont et dans des caisses pour être vendu sous la criée (tri par espèces et par tailles).
14h30 ® 15h30 : retour au port. Les marins en profitent pour manger, puis ils récupèrent ce qui est récupérable sur le filet issu de la quatrième série (principalement les cordages).
15h30 ® 16h00 : déchargement des poissons. Sous la criée, chaque type de poisson est d'abord pesé individuellement ou par lot. Dans chaque caisse on identifie le lot, le type de poisson, l'origine et surtout le poids. Ensuite, la pêche est étalée devant un panneau portant le nom du bateau ; chaque casier est rempli de glace et est prêt à être vendu …
16h30 : amarrage du bateau dans l'arrière port.
M. Volant utilise différents filets au cours de l'année en fonction des différentes pêches. De mi-Juillet à mi-Novembre, il pêche le merlu, autant sur des fonds rocheux que sur des vasières. De mi-Novembre à début mars, il pêche surtout le lieu dans des plateaux rocheux. De Mars à mi-Juillet il pêche de la saule et du rouget principalement sur des vasières.
Comparé aux autres bateaux notamment aux chalutiers, la journée de travail semble plus courte et plus aisée. En fait il n'en est rien et ce pour plusieurs raisons :
· Les marin du filéyeur sont en permanence debout pour tirer sur le filet.
· Le bateau est beaucoup moins stable et a tendance à se comporter comme "un bouchon sur l'eau" dès que le moteur tourne au ralenti quand on remonte les filets (au contraire du chalutier qui est en partie stabilisé par les deux panneaux qui traînent au fond).
Cette instabilité du navire exige des marins de plus grands efforts pour se tenir debout et travailler. D'ailleurs il faut noter que d'une manière générale, bon nombre de marins souffrent de problèmes de dos.
Le nombre de sorties par an de la Marseillaise, n'excède pas 200. A 50 ans, M. Volant n'a pas les mêmes objectifs que M. Primot. Les revenus varient de 130 à 150 000 F/an. Contrairement à l'Odessa, le premier poste de dépense est celui de l'équipement, car on utilise une grande quantité de filet, il faut des filets de différents types selon la pêche et enfin il faut les renouveler souvent. Le budget réservé au fuel est beaucoup plus limité que celui de l'Odessa car le moteur tourne au ralenti, sauf lors des trajets. La consommation moyenne est estimée à 100 – 150 L/jour.
L'avenir de la pêche se voit à travers deux principaux aspects : d'une part au travers d'une pratique conflictuelle avec les Espagnols et d'autre part au travers de la gestion à venir des ressources.
Détenteurs de la plus grosse flottille européenne et très fin pêcheurs (peut-être même les plus fins du monde, comme l'estimait un des marins de l'Odessa ?), les Espagnols sont très présents dans le Golfe de Gascogne. Ils ciblent le merlu, là où les bigoudens recherchent la langoustine. Ils pêchent au filet, les bigoudens au chalut (les filéyeurs côtiers en restant dans la zone des 10 miles, sont très peu confrontés à ce problème). Ces différentes pratiques rendent difficiles la mise en œuvre de mesures de gestion appropriées à chaque pêche. Dans un terrain de compétition ouvert, il faut aussi que les restrictions consenties par les uns ne soient pas bénéfiques à leurs concurrents.
Limiter les temps de pêche pourrait être une mesure locale de gestion mais pour beaucoup de bigoudens, cela signifie être moins présent sur les zones de pêche et laisser le champs libre à d'autres.
De 5547 t en 1987 à 3641 t en 1997, les débarquements sous la criée ont baissé de 50 % en 10 ans. Ceci illustre les moindres rendements de la pêche. De même, le poids des langoustines sur le fond est passé de 20126 t en 1987 à 16067 en 1996, soit une chute de un quart, ce qui est le signe d'une surexploitation.[3]
L'avenir le la pêcherie implique donc de trouver un équilibre entre le renouvellement de l'espèce et une pêche qui doit procurer des ressources suffisantes à ceux qui la pratique.
Demander aux pêcheurs de trouver cet équilibre, comme il semblerait qu'on leur demande, "c'est leur demander d'être à la fois usager et gestionnaire de la ressource : c'est comme si le locataire décidait du montant de son loyer ….".
Comment ne pas trop pêcher ? quelques pistes :
· Etablir des quotas. Mais que se passe-t-il si chaque pêcheur ne peut pas pêcher assez pour vivre. Et comme me le faisait remarquer M. Volant, au fond de la mer, les filets ne s'arrêtent pas de prendre les poissons une fois le quotas atteint. De plus une fois remonté, le poisson est mort, quel est l'intérêt de le rejeter à la mer ?
· Augmenter, en parallèle des quotas, le prix des poissons. Mais en dix ans, le prix a doublé. Si on augmente trop les prix, le poisson ne sera pas vendable. De plus le nombre et le coût des différents intermédiaires entre le pêcheur et le consommateur augmentent (taxes, traitement, conditionnement, frais et marges, transports, distributions, …).
· Baisser le nombre de bateaux en limitant les constructions neuves par exemple. Mais que vont faire les pêcheurs s'il n'y a pas assez de bateaux ?
· Augmenter le diamètre des mailles des filets, mais jusqu'à quelle limite ?
Au cours des pêches il n'est pas rare de remonter des objets hétéroclites allant du "simple" morceau de filet, à la bouteille plastique, en passant par la canette de Coca japonaise … ce qui laisse à penser que les marins eux-mêmes ne sont pas toujours très respectueux de leur environnement.
Une partie des données chiffrées contenues dans ce rapport proviennent de l'exposition permanente Haliotika, au port du Guilvinec.
* Quartier maritime : circonscription administrative littorale dirigée par un administrateur des affaires maritimes, chargé de l'application de la politique et des réglementations maritimes.
[1] Les différents types de pêches :
petite pêche : pour des marées < 24 h
pêche côtière : pour des marées comprises entre 24 et 96 h
pêche hauturière : pour des marées > 96 h
[2] un trait correspond à la durée pendant laquelle le bateau tire le chalut
[3] D'après les études de Catherine Tallidec, IFREMER Lorient.